
L’épidémie de peste porcine africaine (PPA) est toujours combattue au jour le jour dans les forêts lorraines. La situation reste très préoccupante pour le secteur forestier.
102 sangliers
Avec les semaines, la peste porcine africaine a reculé… dans les fils de l’actualité, mais pas encore sur le terrain, même si c’est plus calme dans certaines zones. Des sangliers ont encore été retrouvés mi-mai entre Willancourt et Rachecourt, et entre Châtillon et Udange. S’il n’existe aucune donnée statistique sur le nombre de sangliers restants dans la zone « interdite », tirs et piégeages montrent qu’il subsiste des animaux. Les tirs de nuit ont permis l’abattage de 102 sangliers depuis le début de l’opération tandis que 457 autres ont été piégés.
La zone blanche
Tous ne sont évidemment pas viropositifs (841 sur les 2.946 analysés) mais l’objectif reste toujours de rendre la zone blanche, c’est-à-dire exempte de sangliers, ce qui n’est pas simple vu la grandeur du territoire (plus de 65.000 ha) et l’arrivée plus que probable de marcassins nés ces dernières semaines.
Les bois blancs
Côté exploitation forestière, l’inquiétude reste à son point culminant. Les bois qui ont été coupés avant le début de la crise, en septembre, ne peuvent toujours pas être sortis de la forêt. « C’est vraiment problématique, pour ne pas dire catastrophique car ces bois-là ne vaudront plus rien quand on pourra les sortir », estime Emmanuel de Fays, directeur de l’Office économique wallon du bois (OEWB). « Les bois blancs comme le hêtre et le frêne ne supportent pas de rester au sol durant des mois… »
Nouvel arrêté
Actuellement, dans le périmètre interdit, les seules autorisations portent sur les bois scolytés, qu’il faut absolument sortir pour espérer en retirer un minimum de profit et pour limiter une nouvelle propagation des insectes, ce qui reste assez utopique. Donc, des milliers de m3 continuent d’être abattus, pas que dans la zone PPA d’ailleurs, mais dans celle-ci il faut à chaque fois désinfecter le matériel.
Ceci dit, pour fin juin, un nouvel arrêté qui porte sur la destruction des carcasses, la chasse, la délimitation des zones interdites et la circulation en forêt devra être soumis au gouvernement wallon en affaires courantes. « Nous avons demandé que ce nouvel arrêté prévoie la possibilité de faire quelques travaux forestiers comme le nettoyage de parcelles récemment plantées, moyennant la désinfection du petit matériel », explique David Storms. « On relaie les demandes de particuliers et communes qui risquent eux aussi de perdre beaucoup d’argent s’ils ne peuvent intervenir dans les semaines à venir. Des parcelles plantées en 2017 ou début 2018 nécessitent de l’entretien. »
Pas un euro n’a été versé
Par contre, le problème de l’indemnisation reste total et cela pose d’énormes soucis de trésorerie à certaines entreprises forestières. « Nous avons encore eu une réunion à ce sujet vendredi dernier au cabinet Collin », confirme François de Meersman, directeur de la Fédération belge du bois. « C’est un gros problème. Un budget de 4 millions a été provisionné le 14 février par le gouvernement wallon pour soutenir le secteur, gouvernement qui a promis un arrêté portant sur les modalités d’indemnisation, passé en première lecture le 4 avril. On en est là. Pas un euro n’a été versé. On ne comprend pas pourquoi les agriculteurs, les éleveurs, les chasseurs et ateliers de découpe de viande ont, eux, pu recevoir ce qui a été décidé. Tant mieux pour eux, mais la distorsion entre eux et nous n’est pas normale. Ici, il y a des sommes énormes en jeu. Il y a des pertes importantes de chiffre d’affaires, d’activités. Beaucoup d’entreprises sont sur la corde raide, cela ne peut plus durer. L’accès à la forêt se fait aussi à deux vitesses, entre exploitants forestiers interdits et agriculteurs, pêcheurs et promeneurs, qui ont plus de facilités. Nous restons limités à sortir du bois scolyté… qui n’a plus de valeur ! »
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