
On l’appelle viande artificielle, synthétique, in vitro, cultivée ou “propre” mais le concept certes futuriste reste particulièrement abstrait pour le consommateur. Cette viande artificielle produite grâce aux cellules souches de vrais animaux permettrait de nourrir la planète et d’enrayer son réchauffement. De plus, elle éviterait aux animaux les souffrances inutiles d’une vie d’élevage et de l’abattage. Mais les détracteurs de la viande synthétique dénoncent ce produit “superindustralisé” qui demeurerait un aliment non naturel et remplirait les poches de l’industrie agro-alimentaire. Nous avons interrogé les acteurs de terrain pour mieux comprendre la problématique.
Késako?
Le concept ressemble à une expérience de laboratoire, mais à très grande échelle. Il s’agit de reproduire les tissus de la viande animale en partant de quelques cellules animales. Au terme du processus, se développent des tissus “identiques” à la viande que nous consommons habituellement. Il s’agit bien de viande, à la texture et au goût similaires, mais sans passer par la “case être vivant sur pattes” élevé, abattu puis découpé. Bref, de la viande qui naît ex-vivo, hors du corps de l’animal.
Fantasme surréaliste? Pas du tout: si l’on en est pas encore au stade de la commercialisation, des expériences sont en cours depuis plus de dix ans et les premiers steaks et hamburgers ont déjà été dégustés… et même appréciés. À ce stade, ils coûtent une fortune (le premier steak a coûté près de 250.000 euros, on tourne autour des mille dollars actuellement) mais des start-up notamment américaine (Memphis Meats) et néerlandaise (Mosa Meat) entendent développer le concept à des fins philanthropiques en arguant détenir la clé pour “sauver la planète”. De grands noms comme Bill Gates, Richard Branson ou la société Cargill ont déjà investi dans le projet. Pour certains, il s’agit de l’avenir de l’alimentation.
Techniquement, comment ça marche?
On peut assimiler cela, selon le point de vue que l’on en a, à la médecine régénérative ou aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Il s’agit en tous les cas d’une technique très pointue d’ingénierie tissulaire, donc de reproduction de tissus vivants grâce à leurs cellules souches. En médecine, cela permet par exemple de régénérer ou remplacer des tissus et cellules abîmés ou malades (cancer, greffe, etc).
Concrètement, les “producteurs” de viande – actuellement, des chercheurs, mais à terme, l’industrie agro-alimentaire évidemment – prélèvent sur un animal sain de haute qualité, par exemple un bovin, des cellules souches de ses tissus musculaires (mais aussi de collagène et de gras) grâce à une minuscule biopsie de la taille d’une graine. Ensuite, ces cellules qui prolifèrent rapidement sont placées dans une cuve (un “bioréacteur”) chauffée à 37 degrés et contenant un “liquide de croissance” composé entre autres d’eau, de sucre, d’acides aminés, de lipides, vitamines et minéraux afin de se reproduire un maximum.
Une fois que les cellules en question se comptent par milliards, on provoque le processus de différenciation: plus de multiplication des cellules, mais leur agglomération/fusion pour constituer de nouvelles fibres musculaires. On obtient donc bien des cellules animales, mais qui ont grandi hors d’un animal. Ces muscles sont comestibles, transformables et in fine commercialisables. Leur goût ne se distinguerait pas de la viande habituelle.
Source: 7 sur 7
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