
Sébastien de Bock, publié le 05 février 2019 à 07h30 |
Greenpeace veut réduire la production de viande belge de 83% pour diminuer de 60% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 30 ans. C’est le scénario idéal de Greenpeace. L’ONG se base sur une étude chiffrée de l’UCL qui calcule l’impact sur l’environnement de la production de viande. Elle fait bondir la fédération wallonne de l’agriculture. Un reportage de Sébastien de Bock.
Il est
parfaitement possible de produire de la viande de manière durable en
moindre quantité, tout en répondant aux besoins nutritionnels de la
population belge, considère l’association Greenpeace. “Nous devons
faire passer la qualité avant la quantité, avec plus de diversité dans
les champs et sur nos assiettes. Seul un cheptel réduit peut rendre
cette évolution possible“, indique l’ONG après avoir demandé à
l’UCLouvain de plancher sur trois scénarios pour l’avenir de l’élevage
en Belgique à l’horizon 2050.
En Belgique, les porcs, les poules
pondeuses et les poulets de chair sont actuellement élevés
principalement en Flandre: c’est le cas pour 94% des porcs et 85% des
volailles. La répartition des bovins, elle, est plus équilibrée mais la
Flandre pratique une agriculture plus intensive que la Wallonie, d’après
la situation dressée dans l’étude.
Cette étude part donc du
principe qu’il y a deux fois trop d’animaux d’élevage sur le sol
belge. 46 millions d’animaux. C’est 2 fois plus que ce que les Belges
consomment.
Cela signifie que la moitié de la production est
destinée à l’exportation. Le problème, dit Greenpeace, ce sont les
émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. Les chercheurs de
l’UCLouvain ont calculé que les émissions totales de l’élevage en
Belgique se sont élevées à 13.850 kilotonnes d’équivalent CO2 en 2015.
Trois scénarios
Un
premier scénario envisageant un “statu quo” dans les méthodes de
production pour 2050 permettrait – grâce aux progrès technologiques, à
l’augmentation de la productivité et à une tendance à la réduction du
cheptel bovin – une diminution des gaz à effet de serre de 13% et une
réduction de l’impact de l’élevage sur la biodiversité de 9% par rapport
à 2015.
Un deuxième scénario “réaliste”, supposant une
production biologique (selon les critères de Greenpeace) atteignant 30%
en 2050, réduirait les gaz à effet de serre de 48% et les impacts sur la
biodiversité de 57%.
Le troisième scénario, qui imagine une
production biologique à 100% comme le voudrait Greenpeace, impose une
réduction de la taille des troupeaux et donc une diminution de la
production de viande de 83%, pour atteindre 27 grammes par personne et
par jour. “Complétée par des protéines végétales, cela peut suffire à fournir la dose quotidienne recommandée de protéines“,
indique l’association. Dans ce scénario, les émissions de gaz à effet
de serre du secteur diminuent de 58% par rapport à 2015, et l’impact sur
la biodiversité diminue de 76%.
2 fois plus que ce que les Belges consomment
Le
rapport sous-entend que notre agriculture est trop intensive et qu’il
est temps de réfléchir à d’autres modes de production. Mieux accompagner
les agriculteurs tout en tenant des comptes des réalités économiques et
climatiques. Greenpeace suggère de réduire la quantité et augmenter la
qualité de viande grâce à plus d’élevage Bio… Et pourquoi pas du 100%
Bio dit Greenpeace. Produire moins de viande chez nous, en manger moins
aussi, mais de meilleure qualité, cela aurait un impact significatif sur
les émissions de gaz à effet de serre.
Autant dire que ce rapport fait bondir la Fédération wallonne de l’agriculture. Elle accuse Greenpeace de mal connaître la réalité de l’agriculture belge et wallonne. L’élevage Wallon est responsable de 4% seulement des émissions de gaz à effet de serre. On est loin, disent les agriculteurs des 14% de moyenne à l’échelle mondiale.
L’élevage est, dans 85% des cas une histoire de famille, lié au sol. Pas plus de deux unités animales par hectare d’exploitation. On est donc loin, selon la Fédération wallonne de l’agriculture, des fermes usines dénoncées par Greenpeace.
Agriculteurs et militants écologistes risquent donc de se livrer à un véritable bras de fer sur la question de l’élevage chez nous.
Source: RTL
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